« Pour Sama » Syrie meurtrie


Mardi 17 Mars 2020


« Pour Sama » Syrie meurtrie  (4.54 Mo)

C’est un film dont on sort bouleversé. Journaliste syrienne, Waad-al-Kateab est à Alep en 2011 quand des manifestations importantes conspuent le régime autoritaire de Bachar Al-Assad. Ce sera la guerre et l’enfer pour Alep Est où les rebelles s’organisent.
Waad va filmer pendant près de 5 ans la vie quotidienne des habitants sans se douter qu’au bout de tous ces mois sanglants elle tirera un film qu’elle va dédier à sa fille Sama née dans la tourmente. Car dans le chaos, Waad rencontre Hamza, chirurgien qui organise les secours avec les moyens du bord et sous les bombes. Elle l’épousera puis viendra Sama au sourire magnifique malgré les explosions.
Du film, les images sont crues, les scènes ne sont pas réalistes, elles sont réelles. Et la réalité est terrible. Assad bombarde les civils, femmes et enfants, les habitations, mais aussi les écoles, les hôpitaux, là où Hamza coordonne les secours. Les blessés, les mourants, les cadavres s’entassent à même le sol. Les pères, les mères ou les frères et sœurs sont hagards et fous de douleur. Incrédules devant la mort et ces instants terribles, Waad les a fixés pour témoigner pour que Sama et le monde entier sachent le chaos qui régnait à Alep.
A Manosque, la projection proposée par Amnesty International a été suivie du témoignage de Louai Barakat. Habitant d’Alep, aujourd’hui réfugié à Manosque, Louai est photographe et ses clichés, pris de l’intérieur à la même période que « Pour Sama » donnent aussi l’ampleur du désastre. Au plus près des combattants, il a pris des risques considérables, il a été blessé et soigné dans les conditions et lieux décrits par le film de Waad-al-Kateab. Il a vécu aussi la prison, la torture dans les geôles de Bachar al-Assad avant de fuir avec son épouse et son fils suite à un bombardement au chlore. Le bombardement de trop.
Waad, Hamza et Louai s’en sont sortis, mais il leur reste une cicatrice au cœur, leurs amis disparus et leur ville meurtrie.
Ils dénoncent la barbarie et nous interrogent aussi sur la passivité de la communauté internationale. Il faut voir « Pour Sama » qui a été primé notamment aux Oscars et à Cannes mais aussi et surtout pour affronter une réalité insupportable pour qui a un brin d’humanité. La guerre, les exactions continuent en Syrie où les populations civiles subissent les affrontements de protagonistes nombreux, variés, mais aussi changeants.
A Manosque, dans la salle un médecin syrien Raafat Boustani, il est en poste à l’hôpital Louis Raffalli à mille lieux des salles de soin improvisées et bombardées d’Alep.




Fréquence Mistral Manosque